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Ensemble
Cécile Feilchenfeldt

Invitation exposition Ensemble Cécile Feilchenfeldt

Cécile Feilchenfeldt, tricoteuse et designer textile, invite la photographe Aurélie Cenno et le directeur artistique Vincent Giavelli pour présenter Ensemble, plus de trois années de collaborations visuelles. Éditions, tirages photographiques, posters… la maille sous tous ses fils !

EXPOSITION

ENSEMBLE
​CÉCILE FEILCHENFELDT

Du 18 janvier au 10 mars 2018
du mardi au samedi
de 14h à 19h

Vernissage
le jeudi 18 janvier 2018
de 18h à 21h

Made in Town
58, rue du Vertbois
75003 Paris

C’est en Suisse, son pays natal, que Cécile Feilchenfeldt fait ses gammes. Elle étudie à la Zürcher Hochschule der Künste (ZHDK) à Zurich où sa créativité se développe dans un premier temps au travers du graphisme, avant de se concentrer sur le design textile. Au cours de ces jeunes années, l’étude des formes et des proportions, l’harmonie et les vibrations colorées font office de solfège. La précision des formes, la rigueur des lignes, la composition des couleurs ; ce n’est donc pas une surprise si une pointe de suprématisme s’immisce aujourd’hui au cœur des créations textiles qu’elle tricote.

© Aurélie Cenno

L’élaboration de costumes de scène pour le théâtre, l’opéra ou les ballets et ses années de collaboration – à la Comédie Française à Paris, au Kammerspiele à Munich ou à l’Opéra National de Zürich – lui auront permis d’aiguiser ses connaissances du corps et du mouvement. S’étendre, souffler, prolonger ses gestes, contracter ses membres… se détendre, respirer. Le théâtre c’est l’école du geste, le jeu des attitudes et des faux-semblants, le règne de l’imitation, du mimétisme. Le costume est un personnage vivant qui accompagne chaque comédien dans le récit d’un caractère et la narration d’une personnalité. Cécile y apprend l’alphabet de la coupe et de la matière avant de se laisser aiguiller vers la création textile pure.

Diplômée en 1998 et après plus de 20 années de pratique et la constitution d’une archive infinie de points et de gammes, ce qui se tricote dans le travail de Cécile Feilchenfeldt n’est pas seulement l’ouvrage mais le cœur même de la technique. C’est que la maille – le tricot, cette pratique populaire pluricentenaire – représente pour elle ce qui aura été avant tout un mode d’expression, d’existence ou de subsistance pour de multiples générations de femmes. A la manière d’un chant, la technique se transmet oralement de mère en fille – ou de grand-mère en petite-fille, comme dans le cas de Cécile qui a hérité du savoir-faire enseigné par son aïeule. Ode à la condition féminine, traversant les âges comme les frontières, chaque génération, chaque peuple venant enrichir le répertoire des points et des nouages.

Cécile Feilchenfeldt © Aurélie Cenno

Un chant, un refrain, un mantra. Le tintement régulier des aiguilles, qu’elles ne soient que deux ou 360 – comme sur les machines à tricoter semi-automatiques qui rythment le travail de Cécile. Une maille à l’endroit, une maille à l’envers et on recommence. Systématique, répétitif. Maille après maille, rang après rang, la pratique de la maille est une méditation infinie qui déroule le fil de la vie – qui découle du fil de la vie. Un moyen d’occuper le temps, de tricoter pour soi – mais surtout pour les autres. Un temps, une activité que l’on dédie à ceux que l’on aime et qui nous entourent.

Et ceux que Cécile Feilchenfeldt aime, ce sont les designers de mode. Walter Van Beirendonck, Bless, Lutz Huelle et bien d’autres encore. Apprécier leur travail, comprendre leur démarche, adapter sa technique à leurs idées, respecter leur vision, interpréter leurs intuitions, leurs désirs, savoir aussi les précéder, les devancer, anticiper leurs besoins pour créer la surprise et la nouveauté. La maille de Cécile, c’est savoir réguler la tension et attirer l’attention. De concert avec les créateurs et les studios, elle imagine des textiles tantôt fluides, tantôt rigides ; articulés, élastiques ; colorés, psychédéliques.

PM © Aurélie Cenno

Répéter, encore et encore, rechercher un point, un rythme, un enchaînement de matières et de couleurs, jusqu’à l’harmonie parfaite. Assise derrière son instrument, dans son atelier parisien, elle tricote des créations qui défilent aux premiers rangs des capitales de mode ; Paris, Milan, New York, Londres.

Clic-clac. À la manière d’un chef d’orchestre, elle anime son équipe. Transmettre ce qui lui a été transmis. “Je travaille plutôt avec mes oreilles qu’avec mes yeux” révèle-t-elle, “j’explique aux gens qui travaillent avec moi qu’il faut absolument écouter et comprendre par le son si toutes les mailles sont encore là”. Tic tic tic. Ecouter le chariot filer le long de sa machine à tricoter. Clic clic. Régler la tension, réguler son souffle et ses mouvements qui accompagnent les va-et-vient réguliers du chariot. Écouter la maille, le déploiement des aiguilles qui glissent le long des fontures.

Avec exigence, rigueur et virtuosité, Cécile Feilchenfeldt a su faire de son métier une véritable discipline.