madeintownevent

Connoisseurs
singulier et pluriel

Sélection de livres Connoisseurs

Connoisseurs est une maison d’édition singulière qui cultive sa pluralité. Lancé en 2017 par les plasticiens Karina Bisch et Nicolas Chardon afin de promouvoir la peinture contemporaine, le projet s’appuie sur la prolixité des liens que les deux fondateurs entretiennent avec une génération d’artistes émergents. Le duo démultiplie l’édition de catalogues et de livres d’artistes et présente chez Made in Town les fruits de leurs deux premières années. Quatre questions à Nicolas Chardon.

EXPOSITION-VENTE

CONNOISSEURS​
Maison d’édition
 
28-30 juin 2019
de 14h à 19 le samedi et dimanche

Vernissage
Le vendredi 28 juin de 17h à 21h

Made in Town
58, rue du Vertbois
75003 Paris

Comment est née l’idée de la maison d’édition Connoisseurs ?

Connoisseurs trouve son origine dans un intérêt et une pratique, déjà anciens, de l’édition. Avant Connoisseurs nous avions déjà réalisé plusieurs ouvrages, dans des échelles de productions différentes, du classique catalogue d’exposition à des formats plus expérimentaux. Pour ces projets nous étions certes auteurs, mais déjà pratiquement  éditeurs. En bonne intelligence avec nos éditeurs d’alors – Revolver à Francfort qui édita mon premier livre, it: éditions avec qui nous avons collaboré de nombreuses fois, ou bien Bibliothèque Générale qui a publié le fameux KIOSK de Karina Bisch – nous assumions une grande partie du travail éditorial.

Connoisseurs est donc né de ce goût pris à faire nos propres livres et du désir de montrer le travail d’artistes que nous aimons et que nous voulons soutenir.

En fin de compte, et je ne m’en suis aperçu seulement récemment, c’est surtout mon expérience de bibliothécaire à la conservation au Musée du Louvre il y a plus de 20 ans qui a été mon entrée dans le monde du papier.

Quelles sont les spécificités de la ligne éditoriale ?

Après avoir trouvé le nom de la maison d’éditions, nous sommes tombés sur cette citation de Panofsky (Meaning in the Visual Arts, 1955) : « Le connoisseur peut être défini comme un historien de l’art laconique et l’historien de l’art, comme un connaisseur loquace ». Ça nous a beaucoup amusé ! Sans le savoir, nous avions vu juste puisque notre projet est précisément de faire des livres « laconiques », sans trop de mots, sans légende.

En tant que collectionneur de livres sur l’art, j’ai toujours accordé plus d’importance aux « petites » formes qu’aux gros ouvrages dits “de référence”. C’est à ces endroits que peut s’exprimer le mieux la folie du collectionneur. Les défauts de fabrication, les coquilles ou « Erratum », la fragilité d’un papier ou les impressions imparfaites sont autant de sources de joie. Nous mettons donc tout en œuvre pour que nos publications souscrivent à ce genre, cultivant le fameux adage « bien fait / mal fait / pas fait ».

Chacun de nos ouvrages se complète d’une version « collector » en nombre limité qui, bien souvent, ressemble plus à une petite série d’originaux qu’à une véritable édition. C’est un collector des collectors en somme.

Quelle est la place de l’autoproduction dans l’édition de vos ouvrages ?

A priori nous ne nous fixons pas de règles quant à la production de nos ouvrages et, si souvent ils relèvent d’une esthétique Low Tech, c’est tout simplement que nos budgets nous l’imposent ! Le réel nous ordonne une part d’autoproduction et nous ne nous en cachons pas : c’est notre credo. D’autant plus qu’il s’agit d’un travail que nous aimons : faire chauffer les photocopieuses, arpenter avec excitation les rayonnages de Bureau Vallée, passer des journées à agrafer des feuillets ou à coller des stickers… Plusieurs de nos publications relèvent clairement d’une esthétique de l’administration, au croisement entre la simplicité du dossier d’archivage et la mémoire de l’art conceptuel.

Nous revendiquons également l’histoire un peu punk du DIY étroitement liée à l’autonomie de la production et dont l’efficacité sonne comme un appel à l’action. Tu veux faire un livre ? FAIS-LE !

Votre statut d’artistes vous encourage-t-il à envisager l’édition comme un champ d’exploration plastique ? Les formats, les papiers, les modes d’impressions employés chez Connoisseurs relèvent-ils de choix artistiques plus que dans une maison d’édition ordinaire ?

Le registre technique qui est le nôtre est, comme nous l’avons dit plus haut, est à la fois guidé par notre économie et par notre sensibilité. Le simple domaine technico-bureautique offre déjà un immense choix de techniques de reproductions et de matériaux. Par ailleurs, nous sommes tout à fait attentifs aux expérimentations que voudraient mener les designers avec qui nous collaborons et nous allons même jusqu’à les encourager. Par exemple, pour le livre KARINA BISCH. ELLE PEINT, les graphistes néerlandais Experimental Jetset ont élaboré un principe d’impression couleur sur noir et blanc tout à fait radical et inédit mis au point avec l’imprimeur Tienkamp.

Dans le même ordre d’idée, nous réfléchissons depuis plusieurs mois à la réalisation d’un livre-palette avec l’artiste Camila Oliveira Fairclough dont la découpe de la forme finira sans doutes par se faire à la main…